Veux-tu ?
Veux-tu que nous soyons des amoureux pour rire ?
Nous nous rencontrerions en promenade , au bois ,
Pour mieux corser le jeu , nous pourrions nous écrire ,
car la lettre demeure et s'envole la voix !
Je mettrais pour te plaire un jupon de dentelle
Dépassant quelque peu , juste assez pour le voir ;
Tu serais jaloux , bien qu'étant infidéle ,
M'interdisant d'aller au cinéma le soir !
S'il t'arrivait parfois de m'offrir des violettes ,
Pur hasard ; un marchand t'ayant sollicité ,
Tout gauche , tu dirais en tendant ces fleurettes :
"Justement , aujourd'hui , c'est mon jour de bonté " !
Bien sur , tu me prendrais quelquefois par la taille ,
Combien il serait doux , si tu ne mentais pas ,
Ce pauvre petit geste...Envers de la médaille,
Parfois tu bouderais, accélérant le pas .
Nous irions déjeuner sur l'herbe, les dimanches,
Je choisirais les coins, tu prendrais les paquets,
Puis , nous ferions la sieste, a l'ombre , sous les branches,
Parlant de l'avenir , d'impossibles projets .
Nous serions enchantés de nous voir , nous comprendre,
Dans un coin , Cupidon guetterait , l'air narquois ,
Lequel de nos deux coeurs se laisserait surprendre
Pour mieux lui décocher la fléche du carquois.
Si tu veux bien jouer à ce que je propose ,
Nous pourrions commencer , le jeu n'est pas banal !
Non ,non ,j'ai réfléchi ! Cherchons vite autre chose
Il est des petits riens qui font beaucoup de mal !
de Yolande Brachetti (1963 )