Un poéte priait !
O! Muse chante encor ! On m'appelle poéte ,
Je ne suis a tes pieds qu'un mendiant d'amour ,
Berce mon pauvre coeur , que ta lyre s'appréte ,
Ta voix sait m'émouvoir un peu plus chaque jour !
Souffle sur mon coeur lourd comme au creux d'une cloche,
Si tu veux que mon ame aille quérir aux cieux
Les murmures divins que le nuage accroche,
Quand le vent qui les chasse est trop capricieux .
Offre-moi ta moisson si tu veux que j'apporte
Quelques épis dorés entremélés de fleurs ,
Un peu de ton pain blond a qui frappe a ma porte
Et des gerbes de réve aux brillantes couleurs .
Donne moi du bonheur si tu veux que j'en donne !
Je veux étre la source ou se tendent les mains,
Ou s'abreuve celui qui n'attend rien , personne ,
Que la fin de la nuit sur un nouveau demain.
Si trop longue est la route et trop lourde l'offrande,
Laisse quelques soupirs s'égarer dans les bois ;
A l'aube , quand l'oiseau cherchera sa provende ,
Il ne comprendra pas d'ou proviennent ces voix.
Et la muse , attentive a ma longue priére ,
Répondit par ces mots a mon pressant appel :
---Poéte , mon ami ,je ne suis que poussiere ;
Mon rayon est une ombre au royaume éternel,
C'est au seigneur qu'il faut demander la lumiere ,
La sereine beauté ne resplendit qu'au ciel !
Yolande Brachetti,